Je souffle et la bué se transforme en givre, s’accroche a mon écharpe. Le vent me tire les larmes, elles gèlent et tombent en perles sur le sol glacé, le trottoir enterré sous trois semaines de chutes de neige ininterrompues.
Je n’ai pas l’habitude du froid. Pas l’habitude de ce froid-là.
Inconsciemment je me retrouve dans les rues de Chinatown. Dans la ville la plus française d’Amérique du nord, moi, je cherche encore l’Asie.
Ici l’hiver, c’est l’hiver pour de vrai.
Et il y a des Durians sous la neige, des idéogrammes givrés, une guirlande de glace sur les bords d’un portique en bois rouge. Et les trottoirs sont vides. Chinatown, Montréal. Et il n’y a que moi.
En ce moment je suis ghost-writer. C’est-à-dire que j’écris des trucs qu’un autre, plus connu, signera. Avant on disait « nègre », mais c’était très très mal, alors maintenant on dit ghost-writer. C’est mieux. Plus politiquement correct. Et puis ça fait américain.
Pour moi ça ne change rien. J’écris.
1 Comment
IllustrateurPro
18 mars 2015 at 17 h 18 minVos photos sont tout simplement magnifiques ! Bravo et merci pour ce voyage.