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5 trucs qui m’énervent en Inde

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Voilà un réflexe très parisien : à peine de retour (temporairement) à la civilisation je m’empresse de faire une liste de ce qui ne me plait pas en Inde.

Faut il pour autant en conclure que je n’apprécie pas mon séjour ici ? Bien au contraire. Cinq points négatifs contre une longue liste de points positifs ce n’est pas grand chose. Simplement, il est souvent plus simple de parler de ce que l’on n’ aime pas, plus simple de se plaindre et c’est sans doute plus amusant a lire également…

Une petite note avant de commencer : je tiens a préciser que je ne voyage pas véritablement « en Inde » : me contentant de traverser la région himalayenne, et à pied de surcroît, je ne voudrais surtout pas me poser en spécialiste ou faire des généralités. Cette petite liste d’humeurs ne se base que sur mon expérience dans une toute petite partie de l’immense sub-continent Indien.
Non, soyons clair, si j’avais fait le tour du pays tout entier, j’aurais bien réussi a dresser une liste d’au moins dix points négatifs…

1 : Le culte du « yes »

Bon je ne reviendrai pas sur ce dodelinement de la tête si caractéristique des Indiens qui aura vite fait de semer le doute au début du voyage, nous amenant a prendre des non pour des oui et inversement.
Ici, c’est plutôt de l’impossibilité d’obtenir des réponses claires que je voudrais parler. Un oui ou un non catégoriques ou mieux (mais totalement inimaginable) un « je ne sais pas » qui pourrait parfois éviter de longues minutes (heures) d’errance dans la mauvaise direction.
En Inde tout est flottant, tout semble incertain et on passe parfois de simplement egaré a véritablement paumé après avoir demandé son chemin.

En gros et en vécu et en anglais ça donne quelque chose comme :

– Sorry, do you know the way to Hanupata ?
– Yes.
– Great. Should I take right or left ?
– Yes.
– Hum… so… I take the left road ? Et on accompagne la parole du geste en la pointant du doigt.
– Yes, left, yes.
– OK ! So not the right road ? Et a nouveau on utilise son index pour montrer la direction.
– Yes, yes, right road, yes.
– …

Bon je vous laisse imaginer la suite. En général ça peut durer très longtemps et il est assez rare que l’on ai compris, a l’issu de ces conversations, si c’est vers la gauche ou la droite qu’il faudra continuer son chemin.

A noter que ce n’est même pas un problème de langue, notre interlocuteur parle anglais et il pourrait sans aucun problème nous expliquer l’élevage des yaks, la tonte des moutons ou nous faire le resumé des scores de l’indian cricket cup, mais les directions, les réponses à choix multiples, les trucs binaires, oui ou non… et bah c’est vraiment pas son truc.

 

2 : la vie et l’espace privé

Quelle vie privée ? En Inde, fermer la porte de sa chambre d’hôtel ne garantit jamais la tranquillité. Au contraire. A peine le verrou tiré commence la danse des « hello Sir ». Dis, tu veux pas du thé ? A manger ? Un oreiller supplémentaire ? Et t’es sur que tout va bien ? Et discuter un peu ça te dit ?

Même chose dans les espaces publiques, on peut être plongé dans un bouquin ou en plein boulot ça n’empêchera jamais personne de vous accoster et de vous embarquer, par exemple, dans une longue séance photos improvisée : et que je pose avec ton frère, ton pote, tes dix cousins et leurs potes à eux. Et ensuite ? Ensuite il faut rajouter tout le monde sur facebook.

Mention spéciale, dans les cyber cafés, pour l’Indien qui tire une chaise et vient s’installer a coté de toi pour profiter de ton écran. Regarde-le et il te présentera son plus joli sourire, mais sans bouger.

 

3 : le concept de la propriété

OK, je sais bien que ce truc est à toi, mais je regarde juste.
Et vas-y que j’ouvre ta tente, ton sac, que je fais le tour de tes affaires, que je les tourne dans tous les sens.
Montre moi comment ça marche ce truc. Ah non c’est bon j’ai compris, non laisse moi faire !

Quand il s’agit d’un bidule a deux euros ou de ton pied photo trop solide pour risquer quoi que ce soit, ça n’a aucune importance, mais quand c’est ta tablette ou pire ton appareil qui passe de main en main, il y a de quoi avoir quelques sueurs froides.

 

4 : les toilettes Ladakhi

Les toilettes, en voyage, c’est toujours un peu le tirage au sort. Il y a ceux improbables et dégueulasses des gargotes de bord de route, il y a les toilettes « roller coaster » des voyages en bus où l’on se soulage en profitant de chaque dos d’âne, de tous les nids de poule et puis, parfois, le bonheur immaculé, la perfection climatisé, pratiquement providentielle, des restrooms des centres commerciaux ou des hôtels chics qui nous proposent des cuvettes que l’on ne voudrait plus quitter.

En Inde, on va aux toilettes plus souvent qu’ailleurs.

Dans les hôtels et les Guest House du Ladakh, pas de problème, on fait caca « western style » avec même, en prime, la petite douchette intégrée pour garder un beau derrière tout propre. Mais sur la route, dès que l’on s’éloigne du confort de l’électricité et de l’eau courante, c’est une autre histoire.

Le plus souvent c’est une cabane en terre, à l’exterieur de la maison, le sol recouvert de crottin de cheval et percé d’un trou (relativement étroit, c’est plus « challenging ») et à laquelle on a pas vu l’utilité de rajouter une porte, préférant à celle-ci un petit rideau déchiré et battu par le vent.

Ah ! le plaisir nocturne d’aller planter ses deux pieds en tongs dans le caca de cheval (dont on se sert normalement pour recouvrir son « oeuvre » après avoir terminé), en équilibre, dans le noir, au-dessus d’une fosse malodorante, les jambes tremblant d’inconfort et le regard fixé sur ce rideau qui se soulève au rythme de la brise.

 

5 : les pères Noël du bout du monde

Oh, qu’il doit être formidable d’arriver dans ces villages isolés du monde, en gentil « grand frère blanc », jetant autour de soi des poignées de bonbons, distribuant des centaines de ballons en caoutchouc a des gamins morveux qui vous poursuivent en riant, les yeux débordant de reconnaissance. Qu’on doit se sentir bien, qu’on doit se sentir juste, persuadé d’avoir participé a la grande marche du monde en amenant confort et distractions a des mômes qui, sans toi, seraient sans doute morts d’ennui.

Et puis il s’en va le père Noël  et toi, toi tu passes derrière. Dans les villages les enfants ne disent plus bonjour, ils disent « bonbon » (en français dans le texte) ou « ballons » ou simplement ils tendent la main. Si tu réponds par la négative, si tu t’excuses de n’être venu qu’avec toi même, sans hotte ni sac magique alors n’espère même pas un sourire, oublie les photos et attends toi a quelques réactions « sympathiques » de mômes pour qui touriste rime avec inutile s’il ne rime pas avec cadeaux.
Et puis quels cadeaux ? des bonbons a des enfants qui ne verront jamais un dentiste de leur vie ! dans des campagnes ou, au mieux, les soins dentaires se prodiguent avec une tenaille!.
Des ballons qui, une fois éclatés, finiront sur le sol dans des paysages splendides qui auraient pu s’en passer.

C’est peut être juste moi, mais je préfère m’asseoir, échanger quelques mots en anglais, prendre des photos pour leur montrer ou jouer quelques minutes avant de poursuivre ma route. Enfin je prefere… quand c’est possible, quand je ne me retrouve pas face a une main ouverte et un visage qui se ferme quand je hausse les épaules.

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9 Comments

  • Reply
    adelineNo Gravatar
    9 juillet 2013 at 12 h 53 min

    ah ah je reconnais tellement l’Inde dans tes propos… Les toilettes indiennes sont bien les pires au monde… A la fin je n’hésitais plus à aller dans des toilettes payantes ou dans des hôtels tellement c’était devenu insupportable…
    Pour une fille voir les mecs pisser n’importe où et se faire dévisager était de devenu insupportable à la fin de mon voyage…
    En Inde il faut oublier les mauvais côtés sinon rien ne va plus 🙂
    Bonne route !!!

  • Reply
    undertherainbowNo Gravatar
    9 juillet 2013 at 15 h 36 min

    Un article qui m’a bien fait rire, et dans lequel je me suis souvent reconnue ! Merci !

  • Reply
    CamilleNo Gravatar
    11 juillet 2013 at 22 h 41 min

    Ahhaa, en tout cas j’aime beaucoup la manière dont tu racontes tout cela…

  • Reply
    AmelieNo Gravatar
    27 novembre 2013 at 10 h 06 min

    Haha cet article m’a bien fait rire, surtout le moment où tu demandes ton chemin.J’ai eu la meme chose en Malaisie! Mais par contre, deja que l’idée d’aller en Birmanie ne me tente pas plus que ça, mais du coup (vu que c’est un peu la meme mentalité) j’ai un peu peur haha

  • Reply
    ChrissandVoyageNo Gravatar
    14 janvier 2014 at 20 h 46 min

    Le culte du Yes, on m’en avait parlé. Un ami est expat là bas et dans son travail il a toutes les peines du monde à faire passer des infos et diriger son équipe à cause de cela.
    C’est une habitude à prendre je pense.

  • Reply
    TopduNetNo Gravatar
    6 mars 2014 at 16 h 17 min

    Ton article m’a bien fait rire ! 😉 Il illustre bien le choc des cultures qui peut parfois être pesant.

  • Reply
    Découvre le mondeNo Gravatar
    12 avril 2014 at 5 h 55 min

    J’adore la mode du Yes ! C’est partout en Asie !
    Il ne faut jamais poser de question à choix 😀

  • Reply
    Un Porte-clés publicitaire pour vous faire connaitreNo Gravatar
    14 mai 2014 at 14 h 08 min

    Hahahaha, tu est trop marrant avec ton article. La partie séance photos avec la famille, les amis, les amis des amis m’a fais trop rire. Pour la partie « concept de propriété » je suis de ton avis, je n’apprécie pas qu’on touche à mais affaire avec insistance.

  • Reply
    Fred YummyNo Gravatar
    31 juillet 2014 at 19 h 01 min

    Ahahah je ne suis jamais allée en Inde mais j’ai imaginé mes réactions en lisant ton article et je ne sais pas si c’est pour moi 😉 Je ne sais pas ce que je ferai avec l’Indien du cyber-café, je crois que je me sentirais juste hyper mal à l’aise.

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