Une nouvelle semaine, un nouvel hôtel ; après les couloirs sombres et odorants de l’Overstay c’est le charme rétro de l’une des adresses les plus cool de Bangkok que je vous présente cette semaine. Pas de dortoirs ni de chat de gouttière cette fois-ci, mais les couloirs multicolores d’un hôtel-musée, une profusion d’objets et de chambres improbables baignées par des échos de musique rétro.
The Mystic Place: un voyage hors du temps
J’ai eu mon lot de chambres étranges. J’ai dormi dans une soucoupe volante, j’ai passé la nuit sur un ring de boxe thai et, lors de mon dernier séjour à Chiang Rai, mon lit était en forme de coquillage géant et les murs de la salle de bain recouverts d’une fresque érotique sur le thème de la Petite Sirène. Arielle, sans son bikini en coquillage.
Mais je n’avais encore jamais eu de chambre « Station service ».
À la tête du lit, deux bonshommes Michelin jouent les lampes de chevet et jettent une lumière jaune sur les murs jaunes aussi. La salle de bain est un rassemblement de bois de récupération, de vieilles planches à la peinture écaillée. Le lavabo, un bidon de pétrole Valvoline, le miroir un rétroviseur de camion et, dans l’esprit garage, une pin-up rétro me sourit quand je me lave les dents; et dans la douche, c’est Marylin, impudique, en robe noire, qui me fixe tandis que je me lave les cheveux.
Les couloirs sont un patchwork de couleurs, un désordre d’objets rétro, un bordel vintage organisé. Un tableau de Van Gogh sous l’escalier, une rangée de fauteuils de cinéma, une pub Levi’s, une pub Coca Cola ; et le rouge cerise succède au rose pastel, au vert pomme acide, au bleu électrique.
C’est un fantasme d’antiquaire. Ou bien c’est comme se retrouver dans un film de Stanley Kubrick. Mystic Place, le Boutique Hotel le plus cool de Bangkok, pourrait très bien être un musée un peu fou tout droit sorti des fantasmes seventies d’un hipster collectionneur compulsif.
Les détails se perdent dans le désordre, la poussière semble faire partie du décor ; les vieux téléviseurs à tubes cathodiques, les murs tachés de la salle de bain, les meubles fatigués, tout ce que l’on pourrait reprocher ailleurs semble ici rajouter à l’authenticité de l’expérience. Les imperfections se fondent dans l’accumulation d’objets, dans la succession de couleurs.
Cabine téléphonique anglaise, bouteille géante de whisky Jameson accrochée au plafond, une dizaine d’horloges arrêtées, des piles de livres, un dentier géant, un juke-box en panne. Et la voix d’Ella Fitzgerald qui monte du rez de chaussé, la trompette d’Amstrong et les premières mesures de Dream a Little Dream of Me Say nighty-night and kiss me Just hold me tight and tell me you’ll miss me.
La conclusion est simple, la conclusion est courte : on est bien au Mystic Place, dans le confort d’un décor hors du temps.
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