Chroniques Himalayas Inde ticket

The Walk, un voyage pas-à-pas…

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Introduction :

Tu te réveilles à Bangkok, tu te réveilles sur un siège en plastique du Narita Airport, dans la cabine glaciale d’un Airbus et le plateau-repas est froid aussi. Tu te réveilles sur une plage, sur une route, sous le ciel encore rose d’une nuit qui se termine. Et le temps passe, les semaines, les mois et voilà : 2014 est là. Déjà.

Il va me falloir un moment pour faire le tour de mes voyages de cette année, pendant un an je n’ai pratiquement pas touché terre. Il y a le début d’année sur une île thailandaise et, de cet hiver en Thaïlande, je ne me rappelle pratiquement rien (on m’a raconté des trucs, paraît que tous les soirs c’était la fête -sponsorisée par Absolut- que toutes les filles étaient sympathiques -sponsorisées par Eres- et mon humeur festive, en partenariat avec Red Bull qui te donne des ailes).

Ensuite Tokyo, la « suite » de la collection Ticket to, et ça j’en reparlerai bientôt.

Enfin, entre les deux, il y a eu le nord de l’Inde, ma marche dans les montagnes et c’est de ça dont j’ai envie de parler. Pour commencer. Parce que c’est ce qui m’a le plus marqué, parce que c’est l’une de mes meilleures expériences de voyageur et parce que, sans mon genou qui a jeté l’éponge, j’y serai sans doute encore. Alors à défaut d’avancer vers Katmandou avec vingt kilos sur le dos, je peux essayer de prolonger un peu le voyage en le partageant ici…

Le voyage :

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Sur le papier mon trajet frôlait les 1 500 kilomètres, alors forcément, avec le podomètre de mon GPS bloqué sous les 700, je suis encore loin du compte. Je devais partir des montagnes du Ladakh et rejoindre le Népal en passant par Darjeeling. Pour finir, je n’ai même pas quitté l’Inde.
Mais préparer, planifier et puis, finalement, changer de route n’est-ce pas un peu l’essence du voyage ? L’aventure ça se nourrit d’inattendu, d’imprévu, de rencontres et, parfois, de demi-tours.
J’avais prévu de me mesurer à l’Himalaya et finalement l’Himalaya m’a mis au tapis. KO. J’ai perdu, ok, mais pas du premier coup. Pas si facilement. Parce qu’avec trois mois de marche, plusieurs centaines de kilomètres entre 3 000 et 5 000 mètres, des dizaines de nuits à la belle étoile et des heures a piétiner à flanc de montagne, je peux dire sans hésiter que j’ai au moins tenu quelques rounds.

Et puis, bon, je suis toujours debout.

Le départ :

Le chauffeur me lâche à Darcha, entre Manali et Leh, un quasi no man’s land perdu le long de l’une des routes les dangereuses du monde. Pour la première fois, je prends la mesure du poids de mon sac. Jusque-là je l’avais porté d’un véhicule à un autre, quelques minutes entre deux longues pauses. Pas là. En sortant du bus, les jambes coupées par douze heures de trajet, je l’installe sur mes deux épaules, je tire chacune des sangles en me penchant vers l’avant pendant que par les fenêtres du bus on me trouve dingue et on me souhaite bon courage. Des au revoir d’inconnus inquiets qui me collent une envie de chialer pas possible.
Et puis le moteur qui redémarre. Et puis plus rien. Le chemin, une direction, le soleil qui commence à pointer entre deux cols, le fil gris et blanc de la rivière qui gronde doucement en contrebas, la lourdeur terrible de chacun de mes pas l’un après l’autre.
Ce genre de voyage ça ne commence ni au décollage ni à l’atterrissage de l’avion, pas en sortant du premier bus qui t’amène un peu plus près de ton point de départ, ça commence quand, avec ta maison sur le dos, tu poses ton pied devant toi et que tu réalises qu’il va falloir répéter le même mouvement, encore et encore, chaque jour, pendant plusieurs mois.

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Le quotidien :

Réveil à quatre heures. La lumière passe tout juste du bleu marine, au bleu pâle. Je m’extrais de mon sac de couchage avec difficulté, en rampant dans l’espace minuscule de ma tente tunnel aux parois trempées par la condensation. Il fait un froid pas possible quand je suis à moitié a poil et un froid pas possible quand j’enfile mes vêtements glacés.
Plier la tente, tout ranger avec la rigueur mécanique d’une pub Volvic. C’est toujours le sac de couchage que je plie en premier et puis je range ma cantine, en deuxième, toujours. Et puis une gorgée d’eau fraîche et une poignée d’amandes. Trente minutes de routine quotidienne avant de retrouver le poids de mon sac sur mes épaules, la rigidité douloureuse des courbatures de la veille et les appels à l’aide de mes pieds flingués sous deux paires de chaussettes et une armure de pansements avec renforcement arrière et latéral en Compeed.
Quand je suis prêt, il est 5 heures. Dans mes oreilles il y a Home d’Eward Sharpe ou ce morceau hyper motivant d’Imagine Dragons et comme je me lance sur le sentier je ne suis pas loin d’être le roi du monde avec un moral d’acier qui me pousse dans le dos et un grand sourire. Un sourire super.

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Midi. À onze heures le soleil a dépassé la crête des montagnes et continué sa course pour rejoindre ce point précis qu’il occupe à la mi-journée. Ce point tout à fait, exactement, au-dessus de ma tête.
Mon crâne brûle, mes épaules crament, si à un moment il a fait froid, sûr et certain, c’était dans une autre vie.
Je marche sur de la pierre et le soleil chauffe la pierre. Je marche sur de la neige et le soleil tape dessus, rebondit et m’atterrit en pleine gueule et si mes épaules crament, mon visage encore plus. J’ai le bronzage « Alpe d’Huez », mais sans les skis.
Douleurs de 5 sur l’échelle de mes orteils qui fatiguent, de 3 sur celle de mes épaules qui crampent. Degré de motivation : courgette, citrouille. Activité cérébrale potagère.
Dans mes oreilles, rien.

Seize heures. Le ciel est bleu, les montagnes hautes, j’ai parcouru 12 kilomètres, je déteste chaque atome de cette galaxie.
Je trébuche, tous les trois pas, et entre deux soupirs je jette des regards panoramiques nerveux à la recherche de ma ligne d’arrivée : un terrain plat, de l’eau, aucun danger à proximité.
Douleurs de 37 sur l’échelle de mes orteils décédés, de 3 404 sur celle de mes épaules disloquées. Degré de motivation : négatif puissance tous les kilomètres parcourus.

17 h 30. J’ai installé mon panneau solaire sur le sol, derrière la tente, pour profiter des derniers rayons lumineux, pour être certain d’avoir assez de batterie pour le lendemain, assez de batterie pour bouquiner un peu avant de dormir.
Le ciel passe à l’orange et doucement s’éloigne vers le violet du jour qui s’évapore. Le vent s’est levé, sent le métal et l’herbe sèche et transporte les cris des chèvres paumées dans la montagne.
J’ai rassemblé un fagot miniature de ronce et de bois blanchi, une poignée de bouse sèche, posée à côté de mon dîner – deux paquets d’Instant Noodles Maggie – de mon T-shirt qui pue et sèche sur un fil tendu entre une sardine et mon bâton de marche planté dans le sol dur.
Penché sur le ruisseau, je plonge mon visage dans la coupe de mes mains remplie d’eau glacée. Je nettoie la transpiration et la poussière, les traînées de sel à la commissure des lèvres, aux coins des yeux.
Les premières étoiles, la Grande Ourse, la Petite, et celle du Berger apparaissent, Venus pointe vers le Nord dans un ciel posé sur un cirque de pierres tièdes, autour de ce désert d’altitude qui murmure liberté.

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La fierté des petites choses :

Les trois premiers jours, il a neigé non-stop. Ma tente plantée dans une étendue de terre morte à quelques mètres d’un camp de Zanskari, j’ai attendu que la météo change, les yeux fixés sur les sommets.
Quatrième jour, 9 h, fatigué par l’altitude, j’ai traîné ce matin. La veille, j’ai profité d’une accalmie pour m’approcher de quelques kilomètres du Shingo La, 5 095 mètres, le premier des huit cols à franchir sur cette route.
Les Zanskari ont levé le camp dans la nuit pour attaquer l’ascension à l’aube. Je marche depuis trois heures et sous mes pieds la terre est dure, glacée, recouverte d’une épaisse couche de neige craquante. Le vent froid balade l’air sec. Le sentier – trace de sabots, empreintes de pas toutes neuves – grimpe à flanc de montagne à l’aplomb d’un torrent turquoise. Les pierres que je déloge roulent le long de la pente et disparaissent dans les remous blancs du cours d’eau déchaîné. J’assure chacun de mes pas ; j’avance lentement, avec mon bâton, et sans aucune expérience de la montagne. Devant moi, derrière la dentelle de courbes enneigées, il y a le col qui tarde à venir.

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Midi. Le soleil au zénith, la neige fond ; mes pieds, mes jambes s’enfoncent dans le sol mou. Plusieurs fois je disparais jusqu’à la taille. Écrasé par mon sac, je rampe hors du trou, j’avance à genoux pour éviter de m’enfoncer de nouveau.
Le paysage est bicolore, blanc et bleu, brillant d’une lumière aveuglante. Les restes d’un cheval mort traînent sur une tache de pierre brune où la neige a fondu, un corbeau tourne dans l’ogive vide du ciel immaculé.

Une heure passe, le sentier se décroche et grimpe en S sur le mur vertical. Les derniers mètres. À bout de souffle, j’avance, penché sur la pente, les pieds plantés entre les pierres. J’ai retiré mes gants, je m’agrippe aux rochers, je me hisse vers le sommet. Un mètre et je souffle, un mètre et je souffle et je monte vers le col. Imperceptiblement.

Je laisse tomber mon sac, les drapeaux multicolores claquent avec le vent, un grand lac s’étend plus bas, l’eau invisible sous une épaisse couche de glace jaune sale. Le corbeau croisé plus tôt m’observe, perché sur le sommet d’un mât planté dans le sol sombre. Je retire ma veste, mon pull trempé par la sueur, mes chaussures que je balance un peu plus loin. La chaîne himalayenne s’étend à perte de vue, succession de sommets blancs, de pointes grises, brisées, courant vers l’horizon.
Un coup d’œil de l’autre côté du col, la pente, la vallée qu’il va falloir rejoindre. Je m’en fous. Paume sur les hanches, les poumons chauffés par l’air sec, je promène sur le paysage l’arc brisé d’un sourire indélébile.

S’arrêter :

Mon genou a flanché une première fois alors que je franchissais le premier col de la Markha Valley. Il me faisait mal depuis quelques jours, mais ce matin-là il a plié et je me suis retrouvé sur le cul, sur les pierres. Regard en avant, regard en arrière, le chemin le plus court c’était le retour alors j’ai tourné le dos à la vallée et j’ai dévalé 2 000 mètres à cloche-pied et puis quelques kilomètres à plat. À la nuit tombée, j’ai trouvé une voiture.
Ensuite quelques nuits de repos à Leh. Repos, paneer tikka masala et pains au chocolat.

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Trois semaines plus tard, je marche vers Malana, sur la route de l’herbe, un chemin qui sent la weed et les sales histoires.
« Si on te propose de l’herbe, dis non, si tu tombes sur une plantation de cannabis, fait marche arrière. Si tu croises des mecs armés, cache-toi ! » et pour me rassurer le réceptionniste de mon hôtel a ajouté « remarque, y a pas trop de morts en ce moment. Seulement un Israélien en janvier ». Les narcotrafiquants j’ai pas eu le temps de m’en inquiéter, trois heures après mon départ, alors que je marche au-dessus du vide, le long d’une crête détrempée par les pluies récentes, mon genou lâche, d’un coup, sans douleur ni avertissement. À un moment je suis debout et une fraction de seconde plus tard je roule vers la gauche, le long de la pente comme un tonneau. T’aimerais penser à un truc profond, t’aimerais pouvoir souligner le moment d’un ultime trait d’esprit, à la limite penser à un truc drôle, mais en fait, surtout, tu penses « merde » et comme t’as rien de mieux, tu le répètes.

J’atterris sur le dos, sur mon sac avec la tête qui vient frapper sur le renfort dorsal en métal derrière moi et le manche de mon bâton qui s’enfonce sous mon bras en déchirant ma veste. J’ai le regard qui danse, le souffle coupé et Tom Waits qui me parle de Martha dans l’oreille gauche.

Du reste, il n’y a pas grand-chose à dire. Je suis vivant et de ça il n’y a pas de quoi faire une histoire. En tombant, j’ai filé vers le vide, rebondi une ou deux fois, atterri sur une corniche 20 mètres plus bas. Un balcon naturel, pierre, boue et herbe humide, le petit morceau de terre le plus cool du monde si vous voulez mon avis, celui qu’est venu se caler exactement à mi-chemin entre moi et la chute libre, à flanc de falaise, juste au bon endroit.
Je suis resté 3 heures, allongé, à profiter, pour pas un rond, d’une vue à un million d’euros en me disant que si personne ne passait avant la nuit, j’abandonnerais mon sac et je tenterais de remonter la pente.
J’ai pu garder mon sac et c’est en m’appuyant sur l’épaule d’un bûcheron que j’ai fait le chemin en sens inverse. Manali, hôpital et puis un bus pour New Delhi, le soir même.

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Et maintenant ?

Avec Tokyo qui a suivi de si près, sans prévenir, avec mon retour à Paris, j’ai parfois l’impression d’avoir rêvé tout ça. Je retombe sur une photo, je relis mes notes et j’ai du mal à croire qu’il n’y a même pas six mois je marchais, tout seul, sur des sols de pierres rouges, en frôlant les ciels des jours brulant, spectateur privilégié, la tête dans l’espace, perdue dans le million d’étoiles des nuits glacées.

Il paraît que j’ai changé. Plus calme, plus posé, légèrement plus raisonnable. Ce n’était que trois mois, mais trois mois avec moi même, trois mois à dérouler le fil interminable de mes pensées. De temps en temps, j’ai l’impression d’être plus lent et le monde tellement rapide. Quand il pleut, j’ai mon genou qui grince et tire un peu.

Je me suis replongé dans le travail et les noms de destinations se superposent : Malaisie, Istanbul s’ajoutent à la liste des tous ces endroits que je vais aller visiter, photographier; coller sur le papier.

Depuis quelques semaines j’ai repris la course, je me remets en forme. Officiellement c’est pour combattre l’immobilisme parisien. Officiellement…

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Conseils pour un voyage à pied

(avec option « isolement » et « terrain difficile »)

Préparation physique :

La première étape, essentielle , avant de partir taper du pied sur les routes du monde, c’est la préparation physique. Ouais, même si on est en forme, ouais, même si on a  un rythme cardiaque d’apnéiste et des jambes de cycliste. Marche quotidienne + poids du sac + accumulation de fatigue, c’est un bon début d’équation pour se flinguer le dos, une jambe ou les deux, en chemin, si on se lance sans préparation. D’autant plus si le voyage tient plus du trek que de la marche à plat.
Donc, quelques semaines avant le départ : marche sportive, course, cardio. À vide d’abord puis en ajoutant le poids du sac et les chaussures de marche. Sans oublier une petite visite médicale, éventuellement un passage chez le kiné, pour vérifier que tout va bien.

Même chose côté nutrition. Sans préparation ni évolution progressive, le passage de « petite bouffe sympathique – fromage – dessert – verre de vin rouge » à « fruits secs, nouilles instantanées, barres énergétiques » risque de paraître un peu rude. Moralement, la bouffe sur la route, c’est pas drôle, alors autant commencer à s’y faire le plus tôt possible. Dans le cas contraire, les premières semaines risquent d’être ponctuées de terribles crises d’envies, de rêves éveillés gastronomiques avec vision et apparition de croissants, de saucissons et de pains au chocolat.

Le matériel :

Impossible de dresser une liste idéale de ce qu’il faudra emporter. Cela dépendra de la destination, de la saison et des besoins de chacun. Une règle simple quand même : si ce n’est pas essentiel, ça reste à la maison. Parce que bien sûr, 500 grammes, sur le papier,  quand on dresse sa liste, installé dans un canap parisien, c’est pas grand-chose, mais sur la route, dans le dos, au bout d’un mois, ça pèse déjà plus lourd.

Limiter les vêtements au strict minimum : il vaut mieux faire sa lessive chaque soir, prendre le risque de s’auto piquer le nez de temps en temps, que de porter une semaine de fringues sur ses épaules.

La limite de poids est très variable et dépendra de la résistance de chacun, mais en gros : 12 kilos c’est l’idéal conseillé, la charge qu’on ne remarque même pas, qui permet encore de courir, de sauter. 12 kilos c’est super, mais 12 kilos c’est uniquement si t’es un fou, que « Man Vs Wild » sur Discovery ça te fait marrer parce que c’est trop facile. Dans le cas contraire, pour un trajet de plus de deux semaines, ça veut vraiment dire qu’il va falloir se priver de l’essentiel, du minimum nécessaire à un voyage agréable. 16 kilos c’est plus réaliste et ça passe, 16 kilos c’est bien. Pas trop lourd, suffisant pour peu qu’on ait pris le temps de bien bosser sur sa liste avant le départ et en ayant fait quelques compromis. Enfin si ça dépasse 20 kilos : c’est trop lourd. Même avec l’habitude, même bien en forme. Pas forcement lourd à en tomber par terre, à en jeter l’éponge, mais suffisamment lourd pour gâcher un peu le voyage et le plaisir de la marche, sans oublier qu’avec ce genre de charge sur le dos on prend le risque d’être déséquilibré beaucoup plus facilement et donc de tomber. Sur la route, à plat, c’est pas si grave, dans les montagnes, c’est déjà plus embêtant.

La pharmacie :

Voyager en marchant ne veut pas dire voyager loin de tout, mais, si comme moi le trajet de votre aventure vous éloigne de la civilisation, alors il faudra prendre en compte la loi de Murphy, envisager « l’emmerdement maximum » et, donc, être prêt a réagir à toutes les éventualités. Ça veut dire une trousse À pharmacie 2.0, avec les trucs basiques, mais aussi les trucs moins basiques. Genre ? Genre des aiguilles chirurgicales et du fil pareil (et le petit guide survie format « micro poche » avec le chapitre « s’auto recoudre pour les nuls »).

Les vivres :

Même chose qu’au paragraphe précédent, si votre route traverse des villes ou des villages, un ou deux trucs à grignoter, glissés dans le sac, devraient suffire a calmer les envies entre deux étapes. Dans le cas contraire, faire la liste des vivres demandera un peu de préparation.

Première règle : voir large. Si vous prévoyez trois jours de marche sans possibilité de ravitaillement alors soyez sûr d’emporter au moins cinq ou six jours de nourriture avec vous. On n’est jamais à l’abri de trouver une porte fermée là où l’on nous avait annoncé qu’elle serait ouverte. Et, sans provisions supplémentaires, vous risquez de devoir marcher (longtemps) le ventre vide…

Essayez de garder un bon ratio poids/volume/calories, privilégiez les aliments (très) riches, (très) sucrés et évitez les provisions inutiles. 1 kilo de riz = 1 300 calories (1/2 journée de marche) alors qu’un kilo d’amandes = 5 760 calories ! (2 jours de marche).

Pensez à prévoir des plats chauds ET des plats froids pour les jours où vous n’aurez pas la possibilité d’allumer un feu ou de vous servir de votre réchaud.

Enfin, essayez d’avoir toujours 2 litres d’eau / personne, tout le long de la marche. Le meilleur moyen sera de remplir vos bouteilles à chaque fois que vous en aurez l’occasion pour éviter de vous retrouver à sec pendant une étape (pas drôle du tout !). Pastille chimique ou pompe filtrante devront, bien sûr, faire partie de votre équipement.

3 choses que j’ai eu raison de prendre :

– Google Nexus 7 :
Solide, bien fichu, avec une batterie super efficace : j’ai beau ne jurer que par la Pomme, je n’ai jamais regretté l’achat de cette tablette pendant mon périple. Carnet de notes, bibliothèque, GPS, tout ce dont j’avais besoin dans 340 grammes, bien protégé dans une pochette militaire anti gel.

– Carte + boussole :
J’ai failli, bêtement, tenter le « tout numérique » en plaçant toute ma confiance dans ma tablette, mon logiciel de localisation et « Open Street Map ». Finalement, au dernier moment,  j’ai glissé un cahier de cartes et une boussole dans mon sac ce qui m’a permis, de nombreuses fois, de ne pas me perdre quand le GPS disait à gauche et que c’était à droite, quand sur la tablette le Nord tirait étrangement vers l’Ouest.

– Sac 60 litres (Symbium EasyFit Quechua :
À la base, j’étais parti sur un sac en toile technique de 40 litres, un truc fantastique, 400 grammes à peine, mais avec le recul je suis vraiment content d’avoir changé d’avis : mon sac 60 litres je ne l’ai jamais rempli, mais toute cette place vide ça m’a évité d’avoir À jouer une partie de Tetris chaque matin en me forçant à retrouver la combinaison exacte pour réussir à tout faire tenir. Très pratique également pour sortir quelque chose sans avoir à sortir tout le reste. Alors oui, 2 kilos, donc beaucoup trop lourd, mais c’est un surpoids que j’ai supporté sans aucun regret.

3 choses dont j’aurais pu me passer :

– Chaussures Salomon Quest 4d GTX :
Alors non, bien sûr, je ne l’aurais pas fait pieds nus, je n’aurais pas pu me passer de chaussures, mais par contre, vraiment, j’aurais pu me passer de ces chaussures-là : mal foutues, lourdes, fragiles et surtout atroces sur la longueur. Un véritable instrument de torture à 150 euros la paire. Ma mauvaise humeur de fin de journée, c’est à ma paire de Salomon que je la dois…

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– Cantine et matériel de cuisine
En fait le régime amandes, oreo, raisins secs, ça me va. Même souvent, ça me va. Un repas chaud par semaine, en passant dans un village, ça me suffit. Dans d’autres circonstances, j’aurais sans doute eu du mal à me passer de mon matériel de cuisine, mais là, pour le coup, j’aurais préféré m’en passer pour alléger ma charge d’un kilo ou deux.

– Appareil photo Reflex
Mon Reflex + objectif + batterie + chargeur + câbles c’est une charge. Dans un sac à part, sur l’épaule et même si tu sais pourquoi tu en as besoin, tu finis par jongler. La prochaine fois je me tournerai, sans doute, vers le compact expert, quelque chose comme le Sony RX100.

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9 Comments

  • Reply
    gaspardNo Gravatar
    3 janvier 2014 at 20 h 56 min

    Merci ! Avec un peu de chance, je ne devrais pas trop tarder à tenter la revanche…

  • Reply
    MatNo Gravatar
    6 janvier 2014 at 2 h 07 min

    Super carnet de route ! Tout en sobriété.
    Je te souhaite de pouvoir reprendre le projet là où tu l’as laissé. Ton texte laisse un vrai goût de trop peu. Bonne remise en forme.

    • Reply
      gaspardNo Gravatar
      7 janvier 2014 at 19 h 32 min

      Merci ! Effectivement, je reste un peu sur ma faim moi aussi et j’ai hâte de retourner sur la route pour terminer ou, au moins, continuer.

  • Reply
    Ita MalkaNo Gravatar
    7 janvier 2014 at 19 h 58 min

    Tes photos sont magnifiques!En te lisant on y était presque! Juste un mot bravo! Continue l’aventure!
    Ps: pour les chaussures la prochaine fois essaye les Scarpa, c’est comme des chaussons!

  • Reply
    SebaroudeurNo Gravatar
    8 janvier 2014 at 0 h 04 min

    Tout ça, c’est de l’expérience !

    Bonne route …

  • Reply
    Font LaurentNo Gravatar
    27 février 2014 at 9 h 20 min

    Bonjour.
    Je viens de lire avec grand plaisir tes aventures dans l’Himalaya ponctuées de superbes photos, ce fut un réel plaisir!
    Tes petites touches d’humour(enfin tes galères) parsemées dans le texte le rendaient vivant.
    Hâte de voir tes récits sur Tokyo.

  • Reply
    Découvre le mondeNo Gravatar
    8 mars 2014 at 7 h 02 min

    Superbe aventure et puis c’est vrai que la condition physique est importante ! J’aime beaucoup « j’aurai pu me passer de ces chaussures là »

    Elles étaient neuves du coup ?

  • Reply
    50 conseils pour mieux voyager
    13 octobre 2014 at 12 h 05 min

    […] ainsi de vous retrouver sur place avec des caleçons trop serrés, des fringues inconfortables ou, comme moi au Zanskar, des chaussures qui vous bousillent les […]

  • Reply
    Tran LoanNo Gravatar
    24 octobre 2014 at 0 h 57 min

    Je viens de lire ce passage un an après les faits. Mais Gaspard, tu vas le refaire ce treck, le faire autrement. Ca se ressent deja dans ta façon de le décrire.

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